Le Monde : Dominique Voynet constitue une majorité sans Yves Cochet
Lundi 4 décembre 2006
Elle n'a pas de "vague à
l'âme" ni d'hésitations. Dominique Voynet est la candidate des Verts à
l'élection présidentielle de 2007 et entend le rester. L'ancienne ministre de
l'environnement l'a martelé devant les quelque 540 délégués réunis pour leur
congrès à Bordeaux, les 2 et 3 décembre. Répondant ainsi aux appels insistants
de Jean-Luc Bennahmias, député européen, à se rallier à une éventuelle
candidature de Nicolas Hulot, Mme Voynet a relayé une volonté de la
base de son parti de participer en solo à la course présidentielle. Elle n'a
pu, en revanche, éviter une bataille féroce entre sensibilités, qui a vu
l'exclusion d'Yves Cochet de la majorité. Les militants étaient venus pour
affirmer que l'hypothèse Hulot les laisse au mieux dubitatifs, au pire les
agace. "Nicolas Hulot permet de mettre le réchauffement climatique au
coeur de la campagne, mais seuls les Verts peuvent porter des réformes à
l'Assemblée", a assuré Guillaume Grima, militant de Haute-Normandie.
Nicolas Hulot n'est pas assez "Vert" pour ces militants de terrain :
"C'est un journaliste, pas un politique. Et un marchand qui vend des
produits pourris", a lancé Anne-Marie Declerc, venue des Landes.
"Tant qu'il n'est pas clair sur l'antilibéralisme, son écologie ne sera
pas crédible", a renchéri Philippe Goiraud, de Toulouse. Beaucoup pensent
que l'animateur de télévision n'ira pas au bout de sa tentation. "Se
retirer au profit de qui ?, a interrogé Mehdi Guadi, de Paris. Hulot n'ira pas
jusqu'au bout. Notre candidate doit être maintenue." Le sentiment est
largement partagé : Mme Voynet doit "y aller" pour que les
Verts existent et puissent peser face au PS en vue d'un accord électoral. Le
tout est de tenir au creux de la vague. "Depuis leur création, en 1984,
les Verts ont toujours eu un candidat à l'élection présidentielle", a
rappelé Jean-Luc Dumesnil, un adhérent de la première heure. Yves Cochet,
soupçonné de lorgner vers M. Hulot, s'est empressé de répéter qu'il
"soutenait Dominique et uniquement elle". Cela n'a pas empêché ses
ex-alliés - Mme Voynet et son courant, les partisans de Noël Mamère
et Denis Baupin - de s'entendre sur son dos avec une partie de la gauche des
Verts, rangée derrière la porte-parole Cécile Duflot. Alors que M. Cochet a
obtenu 24 % des voix au congrès - et 57 suffrages de moins que sa rivale dans
la primaire interne -, il se retrouve dans la minorité. Pour la première fois
depuis dix ans, la sensibilité environnementaliste se retrouve hors de la
majorité. "Le message qu'on adresse à l'extérieur, c'est que les questions
environnementales ne sont plus au coeur des Verts", a regretté l'adjoint
au maire de Paris, Yves Contassot. En axant, dans son discours de clôture, sa
campagne tant sur "l'urgence sociale" que "l'urgence
écologique", Mme Voynet ne l'a pas démenti. Et, pour mieux
faire entendre sa différence avec M. Hulot, elle a lancé : "On ne sauvera
pas la planète ni en se contentant de fermer le robinet après s'être brossé les
dents ni seulement en signant d'un clic le Pacte écologique." Les Verts,
rassurés, l'ont ovationnée. Mais la candidate, elle, ne l'était pas tout à
fait. Sans Yves Cochet, sa majorité atteint 54,5 %. Un seuil insuffisant pour
obtenir une direction stable. Sylvia
Zappi