Lundi 4 décembre 2006
La candidate des Verts à
la présidentielle, Dominique Voynet, est sortie plutôt ragaillardie du congrès
de sa formation, le week-end dernier, escomptant le soutien actif des militants
du parti où les divisions restent cependant fortes. Son discours programme a
été longuement applaudi par les quelque 540 militants réunis à Bordeaux. Elle a
rassemblé sur l'estrade tous les chefs de tendance, à commencer par Yves
Cochet, son ami de longue date et adversaire pour l'investiture, grand perdant
du congrès où il a été exclu de la synthèse finale au profit d'une motion plus
à gauche qui ne voulait pas de lui. Yann Wehrling, le secrétaire national
sortant, qui pourrait ne pas être reconduit à ce poste lors du choix de la
direction, les 16 et 17 décembre, était également à ses côtés. Tous ont obtenu une très
longue ovation des participants au congrès, debout.
Mme Voynet a essayé
aussi, à plusieurs reprises pendant le congrès, d'écarter la menace Nicolas
Hulot qui assombrit sa campagne et de remettre son parti au premier rang pour
la défense des grands sujets écologiques, bien loin de l'"écologie
light" défendue aussi bien par les grands partis "touchés par la
grâce" que par l'animateur d'émissions télévisées.
"Elle est sortie
renforcée", assurait lundi Michel Bock, un de ses proches, membre de la
direction, en notant qu'elle a rassemblé derrière elle très au-delà de la
majorité (54,75%) issue du vote. "Personne n'est d'ailleurs monté à la
tribune pour dire qu'il ne la soutenait pas". Pour créer l'union autour
d'elle, elle a cependant dû batailler ferme. Elle a bousculé d'abord les Verts,
leur dessinant l'image qu'ils projettent d'un parti "dévasté".
"Arrêtez les enfantillages, soyez responsables!", a-t-elle lancé. Au
final, elle a félicité "ces milliers de militants qui mobilisent chaque
jour leur temps et leurs espoirs pour faire bouger les choses", et salué
les élus "qui combattent pied à pied pour améliorer la législation ou
inventer des politiques publiques innovantes". Elle en a profité pour
donner un coup d'accélérateur à sa campagne et annoncer son premier "grand
meeting" le 26 janvier à Nantes, où, a-t-elle dit, elle présentera le
"contrat écologique" qu'elle proposera aux Français. Au terme de ce
congrès difficile, la belle image de l'unité ne gommait cependant pas les zones
d'ombre. Contrairement à ce que souhaitait Mme Voynet, la synthèse n'a pas été
réalisée avec "tout le monde". Loin de là, puisqu'elle laisse plus de
45% du parti dans la minorité. "Elle a une majorité, comme elle voulait,
mais elle est faible et il s'agit maintenant de l'élargir pour impliquer tout
le parti dans une démarche de campagne", notait lundi Yann Wehrling. Par
ailleurs, pour certains Verts, y compris des membres de courants devenus
majoritaires, le congrès restera comme un tissu de querelles de personnes et
d'intrigues. L'un d'eux regrettait ainsi "les exclusives" et les
"attitudes haineuses". Un conseiller régional d'Ile-de-France
pro-Cochet, Lucien Ferrier, ne cachait pas lundi son amertume. Il estimait,
dans un communiqué, que "ce n'est pas en excluant son principal rival Yves
Cochet (...) que Dominique Voynet réussira à (...) dynamiser sa piètre campagne
des présidentielles", assurant qu'il ne lui donnerait pas son parrainage.